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Le Ciel Inside
21 mars 2017

Conférence sur le Nazisme

Alors que, à Paris, le mémorial de la Shoah revient sur les liens entre BD et holocauste, la série de science-fiction «Infinity 8» se paye en guest-star maléfique Adolf Hitler. Retour avec ses auteurs sur la difficulté de jouer avec les nazis. L’incident s’est déroulé dans une librairie de BD à la fin de l’année. Au moment de payer ses achats (le dernier Arabe du futur de Riad Sattouf et le tome final de Seuls, une des séries préférées des ados), le client a eu le regard attiré par le présentoir sur le comptoir. Là, un comics lui a fait sourciller l’œil. Enfin, surtout l’accroche: «Hitler va-t-il passer du côté obscur???». Surpris, au lieu de chercher sa carte de paiement, il tend la main pour feuilleter la chose. Et là, il tombe nez à nez avec le fürher meurtrier et xénophobe, la moustache bien reconnaissable mais la tête greffée sur un corps de robot. «Mais qu’est-ce que c’est que ce machin?», se met-il alors à crier, faisant sursauter deux gamins en train de reluquer discrétos le dernier Lastman, avant de partir en hurlant: «Alors maintenant, c’est rigolo de mettre des nazis dans une Baydaaayyy?» Ok, non, ça n’est pas arrivé, certainement parce que celles et ceux qui fréquentent les librairies de BD sont plus intelligents que ça. N’empêche qu’à la lecture de Retour vers le fürher, l’histoire de Lewis Trondheim et Olivier Vatine, un petit instant de malaise peut survenir au milieu de la rigolade et du fun. Surtout si, au lieu de la lire en albums, vous la lisez (ou l’avez lue) en feuilleton, découpée en 3 comics. Au départ, surprise, sur le vaisseau Infinity 8, dans un futur lointain, se tient un séminaire intitulé «nazisme: un art de vivre». Les nazis présents sont gentils, ont préparé un gâteau et des porte-clés pour des visiteurs. L’ambiance se corse quand un extraterrestre nommé Shlomo Juiff dénonce la «propagande malsaine et nauséabonde» avant de foutre le bordel dans les jolis mugs à croix gammée. L’individu est expulsé, d’autant qu’il a été condamné pour avoir frappé sa femme. Un nazi commente: «On ne tape pas une femme, même avec une fleur. C’est un proverbe nazi.» Plus tard, dans des circonstances sur lesquelles on reviendra, ces disciples mettent la main sur la tête d’Hitler, restée intacte après tout ce temps. Là, l’intrigue bascule totalement: profitant du corps de robot dont il hérite, Hitler va prendre le pouvoir en utilisant les réseaux sociaux du futur (ils ressemblent à ceux d’aujourd’hui). Il se montre tel qu’il a malheureusement marqué l’histoire: sanguinaire, raciste (cette fois envers les races extraterrestres), criminel.… À la fin du deuxième épisode (le comics Infinity 8), gros cliffhanger: entouré d’une armée de robots, il annonce l’avènement du IVe Reich. Deux pages plus loin, en bonus, des mots-croisés sont proposés à la sagacité des lecteurs… avec des cases noires qui dessinent une croix gammée. Heureusement, un petit texte met les points sur les (naz)is: «Ta culture nazie laisse à désirer et tu ne sais pas comment remplir cette grille? Rassure-toi, c’est mieux comme ça. Tu as mis des chants guerriers pour l’ambiance, tu as tout trouvé et tu éprouves la jubilation du vainqueur aux portes du Valhalla? On ne te félicite pas.» N’empêche qu’avoir ça sous le nez m’a procuré un sentiment un peu bizarre. Ai-je été victime d’une attaque de pensée politiquement correcte et molle? À moins que ce malaise soit lié au fait que, dans le monde entier, de plus en plus de néo-nazis paradent en toute impunité (avec heureusement parfois des spectateurs courageux comme Tess Asplund pour manifester leur opposition), qu'une youTubeuse mêle cupcakes et antisémitisme, qu’un jeune Chinois est jugé pour avoir appelé le président chinois Xi Jinping «Xitler», que les pro-Trump ont repris à leur compte une expression chère à Goebbels, que début février, des gros idiots ont dessiné des svastikas sur des voitures enneigées de Brooklyn? Cette légère gêne était-elle indue ou légitime? A-t-on encore le droit de s’interroger sur la présence un peu gratuite d’Hitler et des nazis dans une fiction qui, a priori, n’a rien à voir?  A lire en détail sur Organisation de séminaire.

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Le ciel nous tombe sur la tête... quand tout va mal, j'aime regarder dans mon ciel intérieur. Cela me rassure et me donne de bonnes vibes. Ce blog, c'est tout moi, avec le ciel inside.
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