Les élites des Monarchies du Golfe

Si les monarchies du Golfe poursuivent les réformes néolibérales descendantes annoncées, celles-ci risquent d'alimenter les tensions liées à la définition du nouveau contrat social.
Le rôle prééminent des ressources nationalisées de pétrole et de gaz dans les six monarchies du Golfe a abouti à un secteur privé qui dépend fortement de l'État. Cela a des implications cruciales pour les perspectives de réforme économique et politique.
Toutes les familles dirigeantes - à partir de divers points de départ - se sont elles-mêmes beaucoup plus impliquées dans les activités commerciales au cours des deux dernières décennies.
Pendant ce temps, l'autonomie socio-politique des élites commerciales traditionnelles vis-à-vis des familles dirigeantes (et donc de l'État) a diminué dans toute la région du Golfe - encore une fois à partir de différents points de départ et à des degrés divers aujourd'hui.
L'intérêt prioritaire des élites commerciales pour obtenir et préserver les avantages de l'État rentier les a conduites à renforcer leur rôle de soutien des régimes en place et des familles dirigeantes. Essentiellement, dans la mesure où les élites commerciales du Golfe s'engagent dans un débat politique, il s'agit généralement de protéger leurs propres privilèges. Cela est particulièrement évident depuis les soulèvements arabes de 2011.
La dépendance écrasante de ces élites commerciales à l'égard de l'État pour les revenus et les contrats, et le rôle clé de l'État dans l'économie - à travers l'implication personnelle des membres de la famille dirigeante dans les affaires ainsi que la propriété dominante de l'État sur les actions des sociétés cotées - signifie que la distinction entre les élites économiques et politiques dans les monarchies du Golfe est devenue de plus en plus floue.
Dans les conditions politiques et économiques actuellement incertaines, les schémas existants de clientélisme et la dépendance du secteur des entreprises à l'égard de l'État ne subiront pas de changements importants. Dans ces circonstances, il est peu probable que les élites du monde des affaires deviennent des moteurs de la réforme politique.
Dans un contexte de prix du pétrole toujours bas, les tensions croissantes liées à la définition du nouveau contrat social et au contenu des réformes structurelles dans les monarchies du Golfe sont susceptibles de provoquer de nouvelles frustrations populaires et des bouleversements considérables.